
Agir sur la dynamique musculo-squelettique globale du patient sportif avec la gymnastique hypopressive
Annie VITRIS MALONGO
Masseur-Kinésithérapeute
Directrice et chargée d’enseignement
d’Hypopressif AVM

Introduction
Le traitement de patients atteints de lombalgie chronique et de dysfonction pelvienne peut inclure les techniques hypopressives. Le présent article me permet de partager mon expérience professionnelle avec une patiente âgée de 32 ans et pratiquant la course à pied.

Nous pouvons retrouver dans la littérature, des preuves de l’importance de normaliser la pression intra–abdominale. Par exemple, les modèles cliniques de C.A. Richardson et P.W. Hodges (2004) expliquent tout à fait comment le transverse abdominale sert de stabilisateur local de la région lombo sacrée avec le muscle multifide, le plancher pelvien (PPELV), la musculature lombaire spinale et le diaphragme.
Ainsi lors de l’application de techniques hypopressives, la contraction des muscles et la diminution de pression entraine un relâchement tonique du diaphragme et une activation tonique de la sangle abdominale (augmentation du recrutement des fibres I). On constate également une amplification hydrostatique abdomino pelvienne et lombo statique, ce qui favorisera une diminution de la douleur lombaire (Bertelink & coll., 1957 ; Adams & coll., 1980). Enfin, la diminution de la pression intra discale observée lorsque l’on pratique les exercices hypopressifs permetra d’obtenir, sur le long terme, une normalisation des facteurs posturaux.
D’autre part, cette technique me permet de travailler les différentes chaînes musculaires de manière globale entraînant également une action sur les fascias. Les fascias possèdent des rôles multiples dans l’organisme découlant de leur histo physiologie. Par l’intermédiaire des muscles lisses, ils sont capables de se contracter et par conséquence d’influencer la dynamique musculo-squelettique. Nous pouvons ainsi constater chez ma patiente, à travers cette photo, une modification des tensions musculaires après un exercice hypopressif dynamique.

Un exemple d’exercice ici (avec illustration ci-joint) au cours duquel on va d’abord partir de cette posture pour progresser vers le niveau intermédiaire (mains au–dessus des genoux), puis accentuer enfin l’arc de la colonne vertébrale pour faire glisse les mains jusqu’au sol. La posture doit être ainsi maintenue à chaque reprise de cycle respiratoire, pour une durée totale d’exercice de 2 minutes.

A la suite d’un programme d’exercices hypopressifs, ma patiente a pu maintenir la correction pendant une demi–journée et, après plusieurs entrainements quotidiens, faire que cette correction soit permanente. En l’occurrence chez elle, nous avons eu une action sur le fascia thoraco–lombaire. Or nous savons que la particularité des fascias est leur contribution à la tenségrité ou la biotenségrité du système locomoteur (tension intégrée, intégrale et équilibrée) : pour le thoraco-lombaire, la contraction du transverse et des obliques internes stabilise alors les vertèbres, les muscles spinaux se dilatent et s’agrandissent pour étirer la colonne vertébrale. De ce fait, si le maintien et la correction de la posture sont dévolus au système musculaire, pour autant celui-ci ne peut réaliser sa fonction sans l’aide des fascias…
Bibliographie :
Bertelink D.L. (1957), The role of abdominal pressive in relieving the pressure on the lumbar intervertebral disc, Journal of bone and Joint Surgery, 39B:718-725
Adams M.A., Hutton W.C., Stott J.R. (1980), The Resistence to flexion of the lumbar intervertebral joint, Spine, 5:245-253
Richardson C.A., Hodges P.W. (2004), Therapeutic Exercise for Lumbopelvic Stabilization, 2° Edition, Elsevier
Caufriez M. (2010), Abdominaux et périnée, Mythes et réalité
Paroletti S. (2015), Les fascias : rôle des tissus dans la mécanique humaine, 2° Edition
